Toute la seconde main dans une boutique : un exemple d’économie sociale et solidaire réussi à Bordeaux

Sud Ouest | 25/10/2025

En attendant l’ouverture prochaine du Village du réemploi à Bordeaux, Ïkos, collectif qui fédère plusieurs structures de l’économie sociale et solidaire, crée des emplois

Toute la seconde main dans une boutique : un exemple d’économie sociale et solidaire réussi à Bordeaux

Des vêtements pour toutes les occasions – du pull de Noël à la robe de mariée, en passant par l’indémodable jean –, des vinyles qui connaissent la musique, des vélos rutilants garés sur une ligne de départ imaginaire, des meubles restaurés ou tout juste créés et désignés de bric et de broc, des livres remplis d’histoires, des peluches et doudous tout doux, des créations artisanales, de petits appareils électroménagers qui rendent bien des services au quotidien…

Autant d’objets de seconde main jetés, déposés, triés, recyclés, démontés, réparés, recousus, lavés, nettoyés, remis en très bon état, disposés en rayon et proposés à la vente dans la boutique Ïkos. Gagnant de la surface à chaque fois, après un passage par la galerie d’Auchan-Lac et un autre par la rue Sainte-Catherine, la boutique de seconde main responsable est installée depuis un an dans le quartier Ginko, à Bordeaux.

Le Forum mondial de l’économie sociale et solidaire (GSEF) se tient à Bordeaux du 29 au 31 octobre. Benoît Hamon, le président d’ESS France, la Chambre française de l’économie sociale et solidaire, rappelle l’importance de ce rendez-vous dans le contexte actuel

Le collectif fédère plusieurs structures relevant de l’économie sociale et solidaire, à laquelle un forum mondial est consacré du 29 au 31 octobre à Bordeaux.. Le Relais, l’Atelier d’éco solidaire, une association (R3) de gestion des encombrants, une autre luttant contre le gaspillage alimentaire, Envie, Le Livre vert, la Recyclerie sportive, les Compagnons bâtisseurs, Replay : « Toutes avaient des problématiques communes », souligne Marion Besse, la présidente de la société coopérative d’intérêt collectif Ïkos, passée par Le Relais.

Le problème du foncier

À commencer par la question foncière. « Il est vite apparu très difficile de trouver des locaux pérennes à prix raisonnables », pose Marion Besse. Autre problème commun : la concurrence sur le marché de la seconde main, capté par un business à but lucratif.

« Il y a beaucoup de volume et moins de qualité, a constaté Marion Besse. Or, pour donner une seconde vie à des objets à 50 centimes, il faut aussi des produits à plus grande valeur ajoutée, une qualité boutique. »

Faire ses courses dans son propre magasin, c’est possible. Supercoop l’a fait. Depuis dix ans, la coopérative fait participer ses adhérents à la vie de la boutique, avec comme objectif : avoir des produits de qualité au juste prix

Troisième point commun, la création d’emplois et d’activité comme raison d’être, la vocation de réemploi solidaire. « C’est une politique d’économie circulaire de A à Z. Prévenir les déchets, hiérarchiser leur traitement entre la récupération, le réemploi et l’incinération, éduquer les citoyens aux impacts sociaux de nos modes de consommation », décrit Marion Besse.

Une offre globale

« Cela crée beaucoup d’emplois, ces petites mains qui collectent, trient, réparent, relookent et vendent », rappelle la présidente de la Scic Ïkos, qui invite les curieux à venir visiter les centres de tri et « à se prendre une claque » tant les volumes, par exemple de déchets textiles, peuvent être effrayants.

« Ce qui nous différencie des « concurrents », c’est d’être capables de rassembler une offre globale de réemploi, de faire une boutique collective, pas monoproduit, plus accessible, plus désirable », se félicite la présidente de la Scic.

D’où le projet de Village du réemploi, sur lequel le collectif planche depuis huit ans. 12 000 m² de locaux logistiques, de collecte, de tri et de boutiques, consacrés à la seconde main. Plus de 300 employés pour traiter les 12 000 tonnes d’objets, là où Ïkos en gère déjà huit. Du jamais-vu.

« Nous n’avions pas vocation à être des promoteurs immobiliers, ni à chercher des financements privés et publics aussi importants, se souvient Marion Besse dans un sourire. Il a bien fallu s’y mettre. » Ouverture prévue pour 2027.

Objets et vêtements de seconde main dans la boutique de 600 m2 de l'écoquartier Ginko © IKOS

Auteur(s) : © Sud Ouest

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